jeudi 30 juin 2011

Canadian Kiss – Rich Lam – 2011


Avis de Vané Fillubie


J’admire les chasseurs d’images, ces photographes qui vont au contact le plus intime de la vie. Cet art de l’extrême vivacité se distingue de tout les autres par la quête de l’instant décisif. Alors que les peintres et les musiciens s’entraînent continuellement pour augmenter et perpétuer leurs talents, le photographe doit attendre sur le qui-vive pour pouvoir n’exercer son talent qu’au bon moment, produire quelques seconde de pur génie, afin de transformer l’instant en éternité. Ils travaillent à l’adrénaline et joue leur vie sur une fraction de seconde.

Ce cliché résume notre époque dans son intensité. On y voit l’angoisse de la violence absurde, ces hommes habillés en noir, incarnant la pulsion de mort et le désespoir travaillant notre monde. Dans notre société à la dureté artificielle, où nos sols d’asphalte, d’une froideur brûlante, sont bronzés par les lumières ambrés des réverbères. La vie, loin de son cocon naturel, amplifie ses rudesses et malmènent parfois les individus hystérisés par l’accroissement sans fin des désirs. Le feu et la mort dansent et jouent dans un tourbillon qui nous entraîne sans ménagements.

Ainsi, on aperçoit la détresse de la demoiselle, effrayée et accrochée au coup de son amour, tentant désespérément d’arracher à ses lèvres un peu de plaisir et de réconfort. Les jambes aussi nues que l’asphalte rajoute encore de la sensualité et un sentiment d’insécurité. Elles sont exposés dans leurs crispations au monde entier. Et l’homme, plongé au secours de son amie blessée, parvient dans ce moment de panique à conjuguer les vertus viriles ancestrales et modernes. A la fois protecteur, chevalier servant, et d’une galanterie attentionné ultramoderne. Utilisant le plaisir féminin comme remède contre l’angoisse. C’est donc avec un certain frisson que nous voyons ces deux êtres tentant d’oublier la brutalité du monde dans l’étreinte. Et en cet instant, sacrifiés mutuellement l’un à l’autre, ils préfigurent l’amour total du futur. Cette splendide photo n’est pas qu’un moment quelconque, mais aussi la survie inattendue dans notre monde désabusé ,un pur instant de vérité. 9/10

Le Bruit des Glaçons - Bertrand Blier - 2010


Avis de JB

"Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien, c'est formidable, quand c'est pas bien, c'est pas mal quand même"

Je voulais commencer cet article par cette petite citation de George Cukor, réalisateur américain, parce que en effet, nous avons ici un bon, un très bon, petit film français...

Il ne faut pas se leurrer, si j'ai regardé ce film, hormis le titre accrocheur, c'est l'envie de voir Dujardin et Dupontel une nouvelle fois réunis au cinéma. Sans personnage de leur envergure je doute que je me serais donner la peine de le visionner, malgré l'idée sympathique du scénario.

Nous retrouvons dans cette oeuvre l'humour et la sympathique bouille d'alcoolique de Dujardin ainsi que le cynisme exacerbé d'un cancer de Dupontel. Je trouve ce duo tout à fait prenant, et grâce à ces deux compères, l'histoire qui suit une trame profondément dramatique, nous amène tout de même la fraicheur d'une comédie.

Il paraissait difficile de tenir en haleine le spectateur avec cette histoire tout à fait atypique, et bien grâce à la fluidité de la mise en scène, des mouvements de la caméra, de la distribution, ainsi que l'apport de quelques rebondissements bien placé, le réalisateur y arrive convenablement.

L'importance dans le cinéma tout comme dans la littérature d'ailleurs, c'est de réussir à dire des choses graves avec légèreté. Et de la légèreté, il y en a dans ce film, mais malheureusement pas longtemps... La lourdeur prend un peu trop vite le dessus, je me suis lassé et ce, malgré les petites pointes d'humour ici et là qui traînent dans le film.

Je pense que ce film mérite une note de 6/10 parce que même si j'ai apprécié de retrouver Dujardin et Dupontel côte à côte dans cette comédie dramatique, je trouve le reste du film un peu plat et peux entraînant. Donc on peut remercier le casting et également la musique, qui est bien adapté aux situations, de remonter le niveau.

N.B.: Si vous voulez voir ce film, je vous conseille de regarder la bande annonce, ainsi vous aurez vu la totalité des moments intéressants du film et vous pourrez profiter pleinement de votre soirée, parce que finalement le cinéma c'est bien, mais y'a d'autre chose à faire dans la vie comme dirait ce cher George.

mercredi 29 juin 2011

The Ghost-writer – Roman Polanski – 2010



Avis de Vané Fillubie

Un ancien premier ministre britannique souhaite écrire ses mémoires. Et comme tout politicien qui veut que son livre soit lisible, fait appel à un nègre. Un second, car le premier s’est suicidé en mer. Le nouvel écrivain de l’ombre est donc convié à venir dans sa villa pour pouvoir écrire le livre. Mais cette maison se situe sur une île sinistre et paumé, uniquement accessible en ferry, dans une région aux nuages lourds et tempétueux. Car il faut dire qu’Adam Lang, l’ex-premier ministre préfère rester discret. Il est accusé de crime contre l’humanité, à cause d’une guerre qu’il a exécuté au côté des Etats-Unis. Toute ressemblance avec le monde réel est forcement troublante.

L’ambiance est très louche, et notre nègre cherche à comprendre dans quelles mystères il s’est empêtré. Mais à force de vouloir fouiller les tombes, les fantômes se réveillent et obscurcissent toujours plus le brouillard. Polanski maintient tout au long du film un suspens inquiet, tout en laissant le doute s’accroître. Les questions s’accumulant plus vite que les réponses n’arrivent. Et les feuilles qui s’envolent, jamais, n’arriveront à être rassembler.

Le final, effrayant car crédible, est à la fois inattendu et en totale cohérence avec l’esprit du film. Nous voilà bluffé par cette vision sombre de notre monde. Où les politiciens ne deviennent que des outils spectaculaires, entourés de mille conseillers et serviteurs leur permettant de n’avoir jamais à agir vraiment. Et où le pouvoir finalement flotte autour d’une localisation incertaine, dans l’obscurité embrumée. Polanski nous convainc si bien, que l’on en vient à se demander si son arrestation ne pourrait pas être plus qu’une simple coïncidence. 8/10

Le Cercle des Poètes disparus - Peter Weir - 1990


Avis de JB

Oh Captain! My Captain!

Ce film de Peter Weir qui se déroule en 1959, est un hommage à l'indépendance de l'esprit et à la liberté du mot. Le sujet de ce film est les collégiens et leurs problèmes et tout tourne autour de deux mots: Carpe Diem ("Cueille le jour présent et sois le moins confiant possible en l'avenir" traduit de façon littéraire). C'est également un film tout simple, et en même très vrai.

Le film se grise de poésie et pourtant, jamais le cercle des poètes disparus ne semble vieillot ou démodé. Le tout se passe dans le Vermont, à la très respectable Académie Welton, entouré d'un paysage champêtre évoquant ainsi les collines de l'Angleterre, ou les principe d'éducation sont Tradition, Honneur, Excellence et Discipline. Le charme de cette oeuvre est intemporel, pleins d'émotions gagnant progressivement le spectateur.

L'oeuvre de Weir décrit d'une manière remarquable les élèves, les différentes répressions qu'ils peuvent subirent, leurs différentes escapades ainsi que leur professeur, incarner à merveille par Robin Williams.

La composition des élève est admirable, sincère et pleine de bonne volonté. Bon nombre de personne pourrait croire au hasard du fait que le film se passe en 1959 et pourtant, ce n'est pas réellement le cas. Le réalisateur Peter Weir étant né en 1944, il avait un peu près l'âge des différents élèves qu'il nous décrit dans son film. Quant à Robin Williams, tant de jeunes élèves aurait sans doutes rêvés d'avoir un tel professeur dans sa classe, ce dernier donnant à son personnage les traits d'un homme d'une très grande générosité, sachant aussi bien concilier l'art délicat de la poésie et la vie quotidienne. Le tout est dû au scénario de Tom Schulman, qui lui vaudra d'ailleurs un Oscar. Une oeuvre prenante, émouvante, poétique, pleines de joies mais aussi pleines de tristesses, ponctuée par un terrible final.

En résumé, ce film est une critique habile à ceux qui prônent les destins tracés et choisis par d'autres : la soumission reste l'ennemi principale pour M. Keating.
Le réalisateur nous plonge dans un univers que l'on regrette amèrement de quitter. 8/10

mardi 28 juin 2011

Le disque jaune – Musique post-bourgeoise – 2008


MUSIQUE POST BOURGEOISE - POLITIQUEMENT - par musiquepostbourgeoise


Avis de Vané Fillubie

Que reste-il de la musique si l’on y enlève tout le faste et le baroque qui l’accompagne dans nos sociétés de consommations ? Qu’est-ce qui fait l’essence minimale d’une bonne chanson ? Voici la réponse de la post-bourgeoisie. Une mélodie de trois notes pour faire un rythme, des paroles scandés au mégaphone et Karl Marx qui s’élance sur le dance-floor. De plus, au lieu de fixer un concert afin de donner rendez-vous à son public, ils préfèrent débarquer sans prévenir n’importe où afin d’amener directement la musique au public plutôt que d’attendre le contraire. Ainsi vous pourrez peut-être les voir se produire bientôt chez vous ou à la décharge municipale. Les deux endroits n’ont d’ailleurs que peu de différence en soi finalement. Les ordures ne sont que autrement agencés.

Tout cela semble bien bizarre et incongru, mais acquiert étrangement un accord poétique décalé. Les paroles claquent comme des slogans de propagande malgré l’ineptie totale des propos. Et la mélodie bien que simpliste finit par nous emporter dans une transe mystique et pixelisée. Cette musique qui semble être sorti tout droit d’un cerveau psychotique paranoïaque assailli de bug nous laisse la drôle d’impression que si nous avons pu l’écouté jusqu’au bout avec un certain plaisir, l’asile devrait surgir aussitôt pour venir nous chercher. Dernier rappel avant la mort du sens et de l’art, voilà l’arrière-fond sonore de notre société endormi par l’avalanche de pop assourdissante. Car si un jour, nous cessions de contempler le spectacle perpétuel et la mythologie informative bombardée par les médias pour contempler à nouveau les restes de monde réel abandonné au bord de l’autoroute du progrès, nous verrions sûrement quelque chose d’approchant. Un vague air cinglé et dérangeant qui lutte d’un automatisme froid pour une survie désespérée. Et la joie cynique, à la fois explosive et retenu d’un Karl Marx sachant qu’il avait raison, dansant la victoire, mais qui sait aussi que cela est futile. Car rien ne peut plus aujourd’hui séparer l’homme de son ombre, de son illusion marchande. 7/10

Et pour ceux qui en veule encore un peu, une reprise du clip hyperviolent de justice. Les paroles sont fort désopilantes, du bel humour absurde.



Musique Post Bourgeoise stress Justice par musiquepostbourgeoise


vendredi 24 juin 2011

Citizen Kane - Orson Welles - 1941


Avis de JB

Je voulais réellement être submergé par ce film qui est tout de même considéré comme le meilleur film de tous les temps par l'American Film Institute, et il est de plus particulièrement vanté pour ses innovations.

Bon, je suis tout de même resté légèrement sur ma faim, peut-être que la qualité du film ne ma pas convenu, peut-être que la motivation à regarder un film sous-titré ne m'a pas plu d'emblée, peut-être n'avais-je pas une envie particulière de regarder ce film, ça fait beaucoup de peut-être... laissons à ce film ses chances et commençons la critique...

Certe, ce film a fasciné un grand nombre de gens, néophytes, réalisateurs ou critiques. Réalisé par le génial Orson Wells, dans lequel il s'offre le rôle de Charles Foster Kane, qu'il joue, notons-le, de façon admirable.

Le film débute par la mort du protagoniste, qui prononce alors le mot "Rosebud" (le bouton de rose), dont les journalistes s'emparent et c'est ce qui fera la trame du film: la recherche de la signification du dernier mots de Charlie Kane. Wells utilise ici un procédé révolutionnaire pour l'époque il me semble, la non-linéarité. En effet, commencer par la fin et parsemer le film de flash-backs pour en arriver à une conclusion finale tellement improbable qu'elle en devient géniale, tel est la grandeur de Orson Welles!

Par ailleurs, d'un point de vue technique, Orson Wells utilise beaucoup la plongée et la contre-plongée, procédés encore bien rare pour des films de cette époque. Autre point remarquable, l'éclairage! Les jeux d'ombre et de lumière ressortent prodigieusement bien avec le noir et blanc du film. Orson aura su tirer le meilleur parti de ce qui pouvait apparaître à l'époque comme une contrainte.

Les transformations physique de Kane sont aussi un point fort du film. Difficile de se laisser convaincre que Orson n'avait que 25 ans lorsqu'il joue un Charlie Kane vieilli.

Pour finir sur le côté visuel de Citizen Kane, mon image préférée est celle de la boule renfermant le chalet enneigé tenu par la main de Kane âgé; pour moi, elle représente l'être agonisant étant enfin maître de sa vie, de son passé. Puis il la lâche, elle tombe à terre au ralenti: il ne contrôle plus rien. Il décède.

D'une manière plus générale, la mise en scène est splendide, le noir et blanc magnifiquement bien utilisé et l'intrigue mise en place de façon passionnante. On se prend à l'histoire et comme des enfants, à être émoustillé à l'arrivé de la fin du film, pour savoir enfin qui est Rosebud, on frémit d'impatience, et on est estomaqué devant le culot de wells, qui livre sa réponse à la toute fin du film; réponse que l'on attend pas, qui est tellement surprenante qu'on en reste véritablement sur le cul! En clair, un véritable classique du cinéma américain, un chef d'oeuvre mené tambour battant, ce film a certainement influencé grand nombre de réalisateurs!

Même si je n'étais pas totalement conquis par ce film en le visionnant, je doit dire que j'ai rarement vu un tel chef d'oeuvre cinématographique à notre époque et je pense en toute sincérité qu'il mérite largement sa place de meilleur film de tous les temps, bien qu'en tant que cinéphile averti je ne lui décernerais pas forcément cette palme. Un 9/10 tout de même pour sa grandeur et pour le génie incontestable de Orson Wells.

jeudi 23 juin 2011

Jason et les Argonautes - Don Chaffey - 1963


Avis de JB

Parmi la liste de tous les long-métrages traitant de la mythologie grecque, Jason et les Argonautes est celui qui s'en démarque le plus. Car en effet, bon nombre de films doivent leur succès grâce à leurs effets spéciaux et, durant un long moments, ces succès se résumaient à un seul nom: Ray Harryhausen. Véritable génie du stop-motion.

Ce péplum de 1963 met en avant une équipe de marins atypiques contenant notamment des héros comme Heraclès ou encore Acaste. S'en suit une aventure mouvementée où l'équipage de l'Argo, comme dans beaucoup de mythes anciens, va rencontrer moult créatures à travers son voyage, s'arrêtant dans des îles inconnus et affrontant des monstres innommables. On retiendra principalement le mémorable Colosse de Rhodes, l'Hydre de Lerne ou bien tout simplement cette cultissime bataille finale contre les squelettes, magnifique et qui sont criant de crédibilité encore aujourd'hui. Les effets visuelles qui s'y rapportent fait d'animation images par images et d'incrustation sont incroyable! Même si l'on a fait nettement mieux depuis (encore heureux... imaginer un "Avatar" avec la technologie de l'époque...) ces techniques ne sont en rien devenues ringardes et gardent un charme impérissable.

Un petit bémol à mon avis, étant intéressé par la mythologie grecque, les noms des héros sont cités parfois dans leurs formes latines et parfois grecs, et certains passages du film de sont pas en adéquation avec les mythes qui s'y rapportent. C'est relativement dommage mais totalement excusable car sa n'enlève pas de la grandeur à ce film.

En bref, sous l'oeil de Don Chaffey, sous l'éblouissants décores et costumes, Jason et les Argonautes est et restera une petite merveille du cinéma fantastique. 8/10!

300 - Zack Snyder - 2006


Avis de JB

Vous l'aurez compris en visionnant ce film, il ne relate absolument pas la réalité historique de la bataille des Thermopyles, mais réécrite de manière fantastique. C'est un péplum qui nous transporte dans le monde des Spartiates rivalisant à d'innombrables Perses. Le scénario est bon quoique un peu faible, les dialogue sont corrects, les acteurs sont convaincants et leur rôle attachant. Un film rempli d'hemoglobine, mais aussi de sentiments et d'émotions. Un grand plus pour la mise en scène, au travers de ce film j'ai eu l'impression de regarder une continuité de photographies, magnifiques, originales et spectaculaires avec des combat prompts en chaleur et en sadisme.

Ce qui nous transporte et nous transcende, nous pouse ici au simple plaisir primaire que sont les combats. Un film à apprécier pour ses images et ses merveilleuses scènes d'affrontements, car en effet, les amateurs de bon scénario risquent de rester un peu sur leur faim.

Pour ma part, j'ai adoré ce film où la violence est gratuite mais pas sans raisons. A voir et à revoir. 7/10


mardi 21 juin 2011

La Lune s'enfuit - Rax Rinnekangas - 1991


Avis de Vané Fillubie

Un paysage orangé et lumineux au fin fond de la Finlande. Un village qui se protège de la modernité par la grâce de Dieu et des habitants pieux et austères. L’agriculture rythme tranquillement les occupations, et les champs dorés entourés de pins sont le terrain de vie et de jeu des enfants.

Dans ce paysage calme, protestant et bucolique, trois enfants s’amusent et découvre les plaisirs des vacances d’été et de la vie. Et leurs esprits farouches et emplis de la liberté innocente enfantine leur permettra de recréer un monde de joie, loin des préoccupations dévotes du village.

Rax Rinnekangas nous emmène dans un monde en-deçà du sérieux et de la lourdeur des adultes, là où la nature nous pousserait simplement. Un animisme bienveillant où la lune est plus qu’un vieux caillou. Elle serait un objet mythique, pendant du soleil qui apporteraient la clarté et la limpidité d’une vie insouciante et heureuse.

Mais malheureusement, parfois, la lune s’enfuit…

La sincérité des personnages et la capacité de l’auteur à laisser transparaître leurs sentiments rend le récit poignant. Leurs aventures y sont décrites comme un phénomène naturel surprenant, sans jugement et avec un étonnement ravi. Et les métaphores bien choisies montrent la magie de l’enfance. Par contre, le livre est juste un peu court ou rapide, enchaînant trop vite les évènements et laissant un peu le lecteur sur sa faim. Quant au personnage principal, il semble un peu trop distant de l’histoire. Plus narrateur qu’acteur de sa propre vie.

Mais cela n’enlève rien à la sympathique sympathie de ce cours roman. 7/10

dimanche 19 juin 2011

Orange Mécanique - Stanley Kubrick - 1972


Avis de JB

Génial. Un film politiquement incorrecte, à la mise en scène parfaite, un excellent scénario, des musiques parfaitement choisis, en effet, qui à pensé avant lui de mettre de la musique classique en fond de violence et de sexe.

Ce film nous fait le portrait d'une société futuriste terrorisante, où violence et sexe seraient les principales caractéristiques. Alex, qui est le personnage principale de ce récit, est en quelque sorte à l'image du monde qui l'a fabriqué. Détestable. Mais ce n'est pas tant la violence qui choque dans Orange Mécanique, mais plutôt sa gratuité, sa banalisation et la conception suggérée qu'on s'en fait; la preuve d'un grand cinéma maîtrisé et d'un véritable artiste - Kubrick! Il fait preuve à travers ce chef d'oeuvre d'un humour sinistre mais bien présent et nous câline de musiques magnifiques, tantôt déphasée à merveille, tantôt transcendant.

C'est l'histoire d'un phénomène, celui d'une violence atroce devenue banale, banale aux yeux de ses auteurs, comme elle l'est à ceux de l'autorité qui ne la considère que comme déviance, un "gène" à éradiquer.

Orange Mécanique à un défaut, qui se trouve être l'une de ses principales qualités. En effet, si vous faîtes découvrir ce film à une personne ne le connaissant que de réputation, il ou elle haussera gentiment les épaules en soupirant un "pfffff, ... c'est sa de l'ultra-violence? J'ai vu pire dans Heidi...". Mais voilà, Alex a vieilli, et ces méfaits ne sont plus aujourd'hui si choquants qu'ils l'étaient 30 auparavant. Donc est-ce qu'à l'instar des personnages, cette violence est également devenue quelconque pour nous? Nous avons ici un merveilleux film d'anticipation et de prise de conscience qui aura véritablement l'effet d'une bombe.

Pour en revenir au film, dès le début, nous voyons Alex et sa bande voler, frapper, violer, tout est empli de violence. Curieusement, l'histoire ne perd pas de son intérêt, et la suite est palpitante et pleine de rebondissements! Défiguré par une thérapie désastreuse, trahi par ses amis, renié par sa famille... La moitié du film est consacrée à la descente aux enfers du personnage. Entre satisfaction et pitié, les sentiments sont partagés. On se demande même qui est le plus haïssable: cette société inhumaine, ou ce délinquant notoir? Orange Mécanique bénéficie d'un jeu d'acteur impeccable de Malcom McDowell, qui incarne à mon sens l'un des personnages les plus angoissants du cinéma; regardez le premier plan du film, vous comprendrez.

Au final, même si ce n'est pas forcément le film du siècle, nous nous devons de l'avoir vu au moins une fois. C'est un chef d'oeuvre tout simplement, mais pas simpliste. Je lui mettrai un 9/10 bien senti.

Mais soyez conscient que ce film n'est pas à mettre entre toutes les mains!


Avis de Vané Fillubie

L’homme est un animal primitif aux pulsions décuplés. Avide de sexe et de violences immodérées, il doit sublimer ses passions sanguinaires dans l’art afin de pouvoir vivre en bonne entente avec ses semblables. Ainsi l’horreur absolue et le sublime s’abreuvent à la même source. Ils sont le fruit d’un même désir différemment réalisé. Un holocauste n’est qu’une symphonie ratée, ou l’inverse.

Mais pour certains hommes, la sublimation ne suffit pas. Ils veulent laisser libre cours à leurs envies sanguinaires et libidinales.

Et pour d’autre, cette sublimation est encore de trop. Ils veulent éradiquer la pulsion primitive intégralement, afin d’avoir un monde plus sécurisé, plus civilisé.

Alors, comment résoudre l’intrication entre Beethoven et l’ultraviolence sans transformer l’homme en une orange mécanique?

Du grand Kubrick, qui montre l’homme dans ses profondeurs contradictoires. 9/10


samedi 18 juin 2011

Le dernier maître de l'air - M. Night Shyamalan - 2010


Avis de JB

J'en espérais beaucoup en visionnant ce film. Etant petit je regardais le dessin animé et je voulais vraiment retrouver l'excitation qui me gagnait jadis.

J'ai trouvé qu'il y avait dans ce film pas mal de petits défauts qui peuvent être relativement désagréable, tant au niveau de l'histoire que des effets spéciaux qu'il propose, sans parler des jeux d'acteurs un peu pauvre pour certains. Mais sans pourtant être dénué de potentiel, les personnages ne sont pas pas assez travaillé, donc peut on vraiment parler de performance tant ils n'ont pas grand chose à jouer... Et si l'on peut trouver les personnage sympathiques, on n'a pas le temps de s'attacher à eux, le rythme ne permettant pas de fouiller leur passé et leurs motivations, et de développer des éléments interessants de l'intrigue qui sont pourtant nombreux.

Mais ce film n'en demeure pas moins divertissant, au point de faire oublier les petits bémols des dits acteurs. Cette remarque ne s'applique évidemment pas à tous, j'ai trouvé Dev Patel extrêmement convaincant dans le rôle du prince Zuko, plein de rage mais profondément humain. Shaun Toub est également très attachant dans le rôle de l'oncle de Zuko. Parmis les jeunes acteurs, Noah Ringer dans le rôle de Aang est celui qui s'en sort le mieux, même s'il y a évidemment une certaine marge d'amélioration.

Les combats, chorégraphiés au millimètre près sont très agréable à regarder, en particulier lorsque les mouvements sont exécutés par plusieurs Maîtres en même temps. Le tout est servi par une mise en scène simple mais efficace, avec quelques plans qui restent facilement en mémoire. Et enfin le scénario m'a beaucoup plus, même si je trouve qu'il ne respecte pas fidèlement la série, s'est une variante plus que correcte. Il faut également préciser que la durée du film ne suffit en tout cas pas pour adapter toute la première saison de la série. Ainsi, le film souffre d'un rythme trop rapide où les ellipses narratives se font beaucoup sentir et où les évènements s'enchaînent sans jamais avoir le temps de se poser.

Et sinon, les décors, la musique et les créatures sont enchanteurs, certains passages sont pleins de poésie et de lyrisme et l'histoire, même si elle se déroule trop rapidement, est très jolie, facilement compréhensible et cohérente. Il est cependant encore dommage que les dialogues soient pour certains si ridicules, et pour d'autres si lourd.

Au final, même si je n'ai pas retrouvé mon âme d'enfant en visionnant ce film, "Le dernier Maître de l'Air est un divertissement agréable à voir mais largement perfectible. Dommage donc que sa ne soit pas plus que ça, il y avait pourtant matière... 6/10

jeudi 16 juin 2011

Le Hérisson - Mona Achache - 2009


Avis de JB

Enfin un bon film français! Je ne le cache pas, en lisant le résumé du film, j'avais quelque à priori. Mais je n'ai vraiment pas été déçu, scénario, finesse, dialogue. Le tout avec le regard d'un enfant de 11 ans à travers sa caméra, émerveillé du monde et en même temps sans concession, qui, d'entrée de jeu, exprime des avis psychanalytiques sur ces proches, et du coup, le reste du film passe sans problème.

Je n'ai pas eu le plaisir de lire le livre, donc pas de comparaison possible. Je n'ai pas vu Balasko au cinéma depuis longtemps et quelle agréable surprise. Son personnage est surprenant, Mme Michel, concierge de son immeuble et singulière Renée éprise de littérature.

D'ailleurs les personnages du film on tous quelque chose de spécial. Renée Michel, concierge intellectuelle, Paloma Josse, suicidaire, philosophe, Kakuro Ozu millionaire éprise de la dite concierge, des locataires richissimes qui ne reconnaissent pas Mme Michel en la voyant, ... tous les personnages sont poussés à l'extrême, ce qui en fait par défaut, une fiction, mais ce n'est pas dérangeant pour autant, tant l'histoire de fond est impecable.

Ce qui peut nous laisser sur notre faim nous montre surtout la manière qu'ont les enfants d'appréhender le monde d'adultes qui les entoure. De petites touches à la pointe d'un stylo, entre les cases que remplit l'enfant au feutre noir et les moments où les dessins s'animent. Et cette phrase de Paloma qui reste au bout du film : "Ce qui est importe, ce n'est pas de mourir, mais ce qu'on fait au moment où l'on meurt. Renée? Qu'est-ce que vous faisiez au moment de mourir? Vous étiez prête à aimer..."

Au final, nous avons un très bon film français, des acteurs surprenants de réalisme et un scénario très bien ficelé. Un bémol à mon avis, aucune réponse quant à la prédiction de Paloma qui reste un peu trop en dehors du spectacle sur la fin du film. Donc je pense que ce film mérite un très bon 7/10.

Un Roman français - Frédéric Beigbeder - 2009


Avis de JB

Ecrire une critique littéraire sur un ouvrage de Beigbeder, c'est une chose que je voulais absolument faire, non pas pour le descendre mais plutôt pour le glorifier...

Avec "Un Roman français", Frédéric Beigbeder pousse l'art de la mise en abîme à la perfection. On y découvre une malice, une érudition, une élégance, ainsi qu'un style propre à lui même. Nous connaissons tous sa posture médiatique à la limite de l'agacent, mais dans ce roman, la distance et la virtuosité avec lesquelles il sait en jouer m'ont surpris et m'a convaincu de sa grande valeur littéraire. Il a d'ailleurs à ce titre reçu le Prix Renaudot 2009.

Il réalise ici un grand exercice d'introspection , effectué entre quatre murs d'une prison parisienne. Sans stylo ni papier, Beigbeder replonge en enfance et nous présente d'ailleurs des pages splendides sur la bourgeoisie, ses parents, leur divorce. Très tôt plongé entre la morosité maternelle et l'hédonisme paternel.

Mais est-ce véritablement un roman, ne serait-ce pas plutôt une autobiographie? Beigbeder le dit lui-même : "Ce qui est narré ici n'est pas forcément la réalité mais mon enfance telle que je l'ai perçue et reconstituée en tâtonnant. Chacun a des souvenirs différents. Cette enfance réinventée, ce passé recréé, c'est ma seule vérité désormais. Ce qui est écrit devenant vrai, ce roman raconte ma vie véritable, qui ne changera plus, et qu'à compter d'aujourd'hui je vais cesser d'oublier." "Certe ma vie n'est pas plus intéressante que la vôtre, mais elle ne l'est pas moins"...

Ce roman est comme d'habitude, très bien écrit et ces pages respirent l'humour et l'amour. Toujours cette tension quand la religion est le fond de la phrase, toujours cette jubilation à écrire sur le désir, toujours cette rancoeur de ne pas être né beau, toujours cette auto-flagellation lorsqu'il se décrit. Tout est très détaillé, et d'ailleurs, la visite des allemands dans la maison familiale me fait drôlement penser au dernier film de Quentin Tarantino, j'ai nommé "Inglourious Basterds."

En résumé, j'ai adoré, mais j'attend le prochain Vrai roman! Il est capable de nous réécrire un Roméo et Juliette rock'n'roll le bougre! 8/10 largement mérité!


Avis de Vané Fillubie

Ce roman parle d’une rockstar après l’orgie, lors de la descente. Quand après avoir perdue l’envie de tout détruire, elle part en desintox, s’achète une villa sur une côte à faible taux d’imposition et se range en fondant une petite famille. Heureusement, pour Beigbeder, cela ne dure que 48 heures, le temps d’une garde à vue. Mais cela lui suffit pour se faire envahir par son surmoi, perdre son écriture éclatée en rail de mots et en revenir à l’occupation bourgeoise par excellence, écrire sur son enfance dans un style classique.

Car dans ce bouquin, nous n’avons plus affaire au mauvais garçon de la littérature française, mais au bon élève qui cherche à s’approcher du style de ses humbles prédécesseurs. Comme si Beigbeder, tiraillé par une vieille culpabilité chrétienne d’avoir écrit 99 francs devait se faire pardonner avec un vrai roman français. Malheureusement si il est doué pour la désinvolture du riche publicitaire révolté, il l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’imiter Proust. Son nez trop blanchi de neige ne doit pas lui permettre de ressentir pleinement les madeleines de son enfance.

Ainsi défile une suite de tableau convenu, Beigbeder va à la pêche avec son père, Beigbeder tombe amoureux de la petite voisine, Beigbeder est jaloux de son grand frère, dans un ennuyeux décor bourgeois et chrétien. Nous comprenons peu à peu, que pour devenir l’auteur désabusé et rock’n’roll qu’il est, il a du s’extraire de ses origines totalement opposés. Et il lui suffit de se faire emmener dans une cellule pour que ses origines ressurgissent et détruisent tout ce qui fait la violence de son attitude et de son style. Révélant ainsi le combat intérieur qui s’agite en chaque homme entre le prêtre et la rockstar.

Hélas, comme ici c’est le prêtre qui a le dessus tout le long du roman, toute la saveur que l’on aurait bien aimé retrouver dans ce livre s’est évaporée. Y apparaît même à certain moment des relents de moralisateur ! Et donc on ne peut que supplier les policiers : « s’il-vous plait, laissez Beigbeder se coker en liberté, cela fera du bien à la littérature et à la France. »

Car comme Sagan le dit si bien dans ce livre : « On se drogue parce que la vie est assommante, que les gens sont fatigants, qu’il n’y a plus tellement d’idées majeures à défendre, qu’on manque d’entrain. » Et lorsque l’auteur cesse de prendre ses dopants stylistique, il finit lui aussi par être assommant, fatigant et à manquer d’entrain. Espérons que Beigbeder pourra retrouver la verve de Beigbeder, pour un prochain ouvrage meilleur que celui-ci. 4/10

mercredi 15 juin 2011

L'alchimiste - Paulo Coelho - 1988


Avis de Vané Fillubie

Le livre suit les pérégrinations d’un jeune berger sous les étoiles de l’orient mystérieux et mystique. Et accompagné de ses brebis, il va croiser marchands, vieux sages et alchimistes dans une sorte de road movie , à dos de chameaux traversant le désert. La structure du récit rappelle légèrement celle du Petit Prince, mais en moins féerique, un homme à la découverte du monde, en quête de vérité. Même si les deux livres ne boxent pas vraiment dans la même catégorie.

Car malheureusement le style n’est pas très bon, ou pour mieux dire totalement inexistant. Tout est raconté de manière simple, neutre, objective et un peu plate. On ne ressent presque pas l’homme derrière l’auteur, comme si c’était une œuvre impersonnelle. Pour peu, le livre semble écrit par le berger lui-même, à l’usage de ses brebis afin de les calmer et les endormir tranquillement.

Et la philosophie distillée tout au long du livre sort tout droit d’un recueil de sagesses orientales de supermarché. « Les brebis enseigne plus de choses que les livres. » « Quand on désire quelque chose de tout son cœur, on est plus proche de l’âme du monde. » « Les dunes changent, mais le soleil reste toujours le même. ». Ainsi que d’autres fariboles à propos de Principe favorable, Légende Personnelle qui mélangent soufisme au rabais, bons sentiments, cœur généreux et dictons populaires. Les alchimistes ne cherchent plus égoïstement la pierre philosophale pour devenir riche et immortel, mais pour se purifier l’âme à force d’exercices chimico-spirituel et de lecture du grand livre du monde. Une forme de nouveau New Age, bercé d’œcuménisme puéril.

Hélas, cet ouvrage, bien que facile et pas déplaisant à lire, ne contient rien de très palpitant, profond ou sacrement intéressant en soi. Ressemblant un peu trop à la vie des bergers, longue et tranquille, mais manquant un peu d’imprévus, de tensions, ou de réflexions sur le monde bien senties. Et personnellement, je ne vois nul intérêt à un livre trop tranquille et gentil. 3/10

mardi 14 juin 2011

Des Hommes et des Dieux - Xavier Beauvois - 2010



Avis de JB


Je vous présente un film qui aurait pu toucher un anti-religieux dans mon genre. C'est un film profondément humain, un bel hymne à la tolérance, un film avec des interprètes remarquables, avec notamment un Lambert Wilson singulier, une mise en scène sobre et intelligente, des prises de vue dignes des tableaux de Rembrandt aux services d'un scénario prenant. Et je dirais même un film brut, nu, dépouillé de tout artifice. Des portraits de femmes et d'hommes, de musulmans et de chrétiens, vivant en harmonie. Un message de paix et d'amour du prochain, porté par des chants religieux solennellement interprétés. Ce film invite à la réflexion et à l'introspection, et c'est pourquoi il a, à mon sens, reçu tant d'excellentes critiques.

Je comprends le battage médiatique qu'il y a eu autour de ce film, car il retrace librement l'assassinat des moines de Tibhirine du monastère de l'Atlas lors de la guerre civile algérienne en 1996, mais voilà, était-ce bien nécessaire? Les premières minutes du film sont pourtant si alléchantes, l'on y retrouve l'originel relation des moines français avec l'environnement, mais malheureusement la suite du film s'étiole et traîne beaucoup trop pour ce que ma patience arrive à supporter…

Dans ce film, on prie, on prie et l'on re-prie… quoi de plus logique me direz vous? Le titre est pourtant assez évocateur... Certes, sauf que Xavier Beauvois se sert de ces passages pour meubler. Certains vont bien sûr se concentrer sur la beauté du film et promouvoir cette espèce de contemplation, certes emmerdante, mais si touchante dans l'absolu. Et si vous vouliez en apprendre plus sur le massacre des moines en 1996, vous serez franchement déçus, le film ne montre absolument rien du tout.

Le manque de rythme fini par assommer, les trop nombreuses et longues scènes de prières nuisent au spectacle. Enfin, les dialogues sont à des milles d'être bouleversants, le passage sur l'Incarnation est à ce titre révélateur. Ce n'est même plus de la masturbation intellectuelle, c'est du foutage de gueule. Il est clair que les amateurs d'action risquent de ne pas trouver chaussures à leurs pieds avec ce film…

Mais heureusement, pour surélever le niveau du film, que dire du passage où les moines mangent ensemble en écoutant ce merveilleux ballet qu'est "Le Lac des Cygnes", transcendant, émouvant, … parfait, merci Tchaïkovski de donner tant de profondeur à ce film! Alléluia!

Décidément, "Des Hommes et des Dieux" n'est définitivement pas pour moi. Ceci dit, je pense objectivement que ce film mérite tout de même 7/10, car hormis son manque de vitalité et le fait que je n'ai pas trop accroché, il a le mérite d'avoir une beauté visuelle, une beauté humaine des relations inter-culturelles, et une beauté spirituelle de ces serviteurs de Dieu, sobre, épuré, à l'image de leurs coeurs. Amen.

In Bb 2.0 – Darren Solomon - 2009

Avis de Vané Fillubie

Lorsqu’on y pense, internet a quelque chose de prodigieux. Si vous voulez organiser un concert chez vous un samedi soir, inutile d’inviter tout le philharmonique, il vous suffit de faire une conversation Skype avec vos amis musiciens aux quatre coins du monde. N’est-ce pas génial, la haute technologie ? Voici le concept d’In Bb 2.0, importer de la musique de multiples instruments épars pour en faire une symphonie globale. Recréer un orchestre de xylophone, PsP, flûte en plastique, écrans digitaux et d’autres bizarreries plus ou moins musicales.

L’ensemble trouve encore un autre intérêt, chacun peut enclencher ou déclencher chaque instrument à sa guise, formant ainsi un mélange de sons nouveaux à chaque fois. Tel une rivière qui serait toujours la même, mais pourtant jamais pareille. Et miraculeusement, de ce brouhaha chaotique d’interfaces vidéos provenant du monde entier, surgit une harmonie étrange. Comme une sorte de batailles de bulles de savon hypertoniques au milieu d’un mixer. La musique possède une puissance relaxante et forme un ensemble cohérent, comme si ces divers bruits étaient destinés à se retrouver en ce lieu virtuel. Même si la musique en elle-même, par rapport au contenu des radios ou des multitudes de CDs d’aujourd’hui, reste simplette. Plutôt une belle musique d’ambiance qu’une vraie œuvre musicale.

Mais cela n’enlève rien à la beauté de cette idée tordue, utiliser internet pour créer un orchestre mondial. Car même si l’œuvre plante encore si l’on veut lancer trop de vidéo à la fois et qu’elle n’est pas esthétiquement très réussie, elle ouvre une porte pour de futures créations, d’œuvres collectives mondiales auxquelles chacun pourra participer. Afin que l’humanité puisse enfin avoir un art à sa démesure. 6/10

Avis de Leubou

Ne pas lésiner à laisser son imagination prendre le dessus.

Il ne le faut pas, car sinon de telles oeuvres n'auraient pas vu le jour. Nous sommes ici dans de l'art numérique, de l'art "moderne" au sens propre du terme. Utiliser cette modernité (l'internet en l'occurence) pour développer des projets musicaux COLLABORATIFS.

Dans cette oeuvre, c'est surtout cette collaboration qui me séduit. Utiliser des musiciens des quatres coins du monde, ou plus encore, et les faire jouer dans un douce et mélodieuse cacophonie.
Je pense que l'on pourrait appeler ça un bordel organisé. Et bien organisé même! Les accords sont justes, le son est doux, mélodieux, changeant.
Nous sommes ici sur quelque chose de non rythmé, car la sychronisation rythmique est impossible dans l'aléatoire. Nous avançons donc sans rythme, mais le fait de ne pas s'en soucier est agréable. Cette musique d'ambiance nous transport au-delà de ce que l'on connaît, au-delà de nos références, de nos idées...

Une musique qui nous fait oublier de réfléchir, et autant dire que ça fait du bien.

Petit bémol sur le bug lors du lancement de beaucoup de vidéos à la fois, mais c'est purement technique. On aurait tout de même aimé pouvoir tout lancer en même temps... =)

Au final, une note de 6/10 pour ma part.

Samsung veut dire jouir - Young-Hae Chang Heavy Industries - 200?



Avis de Vané Fillubie

Young-Hae Chang Heavy Industries est une entreprise peu ordinaire. Elle produit un cinéma de mots numériques, une java futuriste de concepts sur fond de jazz. Et dans ses œuvres de pseudo-propagandes communistes, elle arrive à faire passer via un saxophone des cris de liberté, de jouissance, de libération, mais aussi de désespoir. Car elle y décrit la vie sous le capitalisme sud-coréens, pleins de rêves et d’espoirs publicitaires, mais vidée de la réalité, morne au quotidien.

A mi-chemin entre une douce parano dystopique et l’éveil joyeux de la volonté de jouissance, nos peurs et nos envies dansent dans un refrain effréné, forment un tourbillon qui nous emporte jusqu’au bout des mots. Nous partons à la rencontre de Kim-jong-il, Samsung, l’hôtel Palpan-Dong, l’art du cunnilingus ou milles autres folies exotiques de ce genre. Et ce tout hétéroclite et rythmé finit par distiller sa propre poésie du nouveau millénaire.

Même si ces œuvres ont leurs bémols. Les phrases sont parfois trop rapides, défilent trop vite et ne peuvent donc pas être lu totalement. Et la musique et les textes ont certaines redondances et certaines longueurs qui rendent des passages ennuyeux, voir même un peu soûlant. Rappelant les bruits et lumières agressives des discothèques. Mais le résultat reste très bon et surtout, le plus bluffant selon moi est cette trouvaille technologique et artistique. L’usage du site web comme médium artistique permet de toucher chaque individu dans sa solitude la plus totale, lorsqu’il est enfermé, cloîtré et rabougri sur son ordinateur au plein milieu d’une sinistre nuit d’hiver, afin de pouvoir lui redonner le sourire et l’envie de vivre « réellement ».

Young-Hae Chang Heavy Industries est donc une entreprise d’utilité publique qui rend un bien fou à nos technologies modernes. elle offre une âme au numérique et redonne du swing au traitement de texte. 7/10

Avis de Leubou

En voyant cela, au début, on se dit au fond de soi que l'on a jamais vu quelque chose de pareil, que c'est rare de tomber sur quelque chose de semblable...

Mais si l'on y réfléchit, et le titre transporte au mieux cette révélation, il ne s'agit non moins que de l'utilisation courante, journalière que fait le monde de la publicité.
Nous balancer à une vitesse fracassante des informations comme une mitrailleuse à idée... ou une mitrailleuse à modificateurs d'idées.

Là, si les yeux sont agressés, les oreilles sont détendues dans un doux équilibre qui semble tanguer de tout côtés. On voudrait arrêter de regarder, mais on ne peut pas. Nous sommes indubitablement attirés par ces phrases, par cette histoire incongrue. Les phrases ne sont pas complètes, mais elles suffisent à créer un histoire qui l'est.

Sur fond de propagande anti-publicité, nous trouvons ici un moyen très original de mettre en avant des idées. Accessible à tous (je parle là du support) et libre, cette oeuvre est également disponible dans nombre de langues.

On y trouve quelque chose. On ne sait pas tout de suite quoi, mais c'est le genre d'oeuvre ou d'idée qui vous reviennent dans un futur proche, que l'on peut également comprendre plus tard, s'écrier "Ah bah oui!" en pleine rue lorsque l'on en comprend le sens....

Au final, quelque chose d'original, de nouveau, de novateur donc, et de bougrement intéressant et accrocheur. Je suivrai mon collègue : 7/10

lundi 13 juin 2011

Kaboom - Gregg Araki - 2010



Avis de Vané Fillubie

Kaboom ! Ceci est une explosion ! Une explosion de sexualité, de couleurs, de jeunesse. L’hypersaturation d’un hédonisme fluorescent de jouissances et d’intensité. Reléguant les banals American Pie au rang de comédie inhibées sexuellement, moralisatrices et frustrantes. Car Kaboom inonde la pellicule, la surcharge, créant de nouvelles couleurs, si pures et flashys qu’elles semblent droit sortir d’un autre univers. Il éclate les embrigadements sexuels et dans une immense partouze hétéro-bi-gay-lesbianique, révèle l'envie nymphomane et aphrodisiaque de sucettes à la guimauve, de plaisir simple et déculpabilisé qui se cache au fond de chacun.

Kaboom possède sa violence post-moderne et sexy. Dénué d’un vrai scénario, avec des intrigues, des développements, des twists et une fin qui révélerait certains mystères du film, Kaboom n’a à peine une histoire. Ou plutôt une suite de scène sans queue ni tête qui ne sont pas reliés par une trame narrative, mais par une continuité du flux du désir, un torrent d’émotions et d’envies délicieuses. Les plastiques mirifiques et magiques succèdent aux lèvres voluptueuses, visages d’anges et jambes pourléchés dans un immense balai érotique démesuré. Car Kaboom ne s’adresse jamais à votre intellect, mais à votre âme bouillonnante, lui parlant directement, amplifiant et jouant directement sur vos désirs et fantasmes. Il est le divorce du cinéma avec la littérature, ou l’on ne montre plus une suite de mots plus ou moins imagés, mais une suite d’images, qui dans leur propre langage fondent un univers hors du sens, forment une description du monde qui surpasse celle du roman et rend les mots pauvres et plats.

Kaboom a deux avantages, il est à la fois l’avant-garde du cinéma et une drôlerie populaire et excitante qui peut plaire à tout adolescent dépravé et en manque de sensations fortes. Gregg Araki parvient ici, à l’instar de Tarantino, à rendre le cinéma d’auteur aussi passionnant et explosif qu’une hyperproduction. Quant aux acteurs et actrices, aussi sexy les unes que les autres, ils sont encore sublimés par la qualité exceptionnelle du rendu de l’image. Passant ainsi pour une forme post-moderne des dieux de l’olympe poursuivant la débauche originelle jusqu’aux tréfonds de l’éternelle jouissance, afin d'extraire un maximum de plaisir avant la fin du monde.

Car oui, Kaboom est une explosion de jouissance ! 9/10

Limitless - Neil Burger - 2011



Avis de Leubou

Limitless... sans limites. Le nouveau film de Neil Burger nous raconte l'histoire hypothétique d'un écrivain sans inspiration découvrant de par son ex beau-frère une pilule miracle permettant de décupler les capacités de son cerveau et d'accéder à l'entier de sa mémoire. Mais posséder de telles médicaments lui amène également des ennuis...

Le film démarre bien. L'on se prend dans l'histoire jusqu'à rêver d'avoir un tel médicament et d'aussi pouvoir accéder aussi facilement à notre mémoire de poisson rouge...

L'ambiance sous effet est très réussi, la mise en scène des trous noirs également.
Dans l'ensemble, le scénario est assez novateur et les mises en scènes sont de bonne qualité.

Le film va perdre en intensité au milieu pour laisser place à une deuxième partie plus monotone. Le jeu de l'addiction et du manque se répète, se rejoue, nous agace presque un peu.

Autre problème, on voit les choses arriver comme un éléphant dans un couloir. Et pour terminer, les romantiques ne m'aimeront pas, tout se finit bien. Mais trop bien.

Un plus pour l'histoire, un moins pour le rythme et le manque de surprise.

On s'attendait à mieux, dommage. 4/10

Mr. Brooks - Bruce A. Evans - 2007




Avis de JB

Etonnant Mr. Brooks, mari idéal, père dévoué, homme d'affaire accompli, quasiment l'égal d'Hector dans la guerre de Troie, à ceci prêt qu'il se révèle être un tueur sans pitié la nuit, le mystérieux tueur aux empreintes. Un homme aux deux personnalités tout à fait atypique, car il souffre de vouloir tuer constamment et il s'est d'ailleurs promis à ce titre, qu'il ne tuerai plus jamais.

Le problème? Un témoin invraisemblable lors du dernier meurtre, qui ne désir ni le faire chanter, ni le dénoncer. Il veut simplement participer aux prochains méfaits. Retrouver ce frisson qu'il l'a envahi lors qu'il a surpris ce fameux criminel. Mr Brooks est donc coincé, il ne peut pas le tuer car il ne sait pas où peuvent être cachées les éventuelles copies des clichés. C'est donc pourquoi il décide de continuer sa série de meurtre en compagnie de ce témoin, serait-ce un stratagème afin de se sortir de cette mauvaise passe…?

Mais voilà, en plus de sa, il faut qu'un drame familiale tombe sur lui. Sa fille, qui a hérité des mêmes gène que lui, commet l'irréparable. Elle tue un homme, mais sans faire attention à tous les détails. Mr Brooks, ne sait pas quoi faire pour la sortir de là. Il envisage tous les scénarios et commence à avoir peur pour sa propre vie. Que va-t'il faire, la dénoncer, l'aider au risque de trahir sa véritable personnalité, ou simplement ne rien faire du tout…?

Que dire de la fin? Sinon qu'elle est relativement attendu. Cependant, ce qui est totalement inattendu, c'est le cheminement que nous propose Bruce A. Evans. Vraiment surprenant. Je ne peux me permettre de dévoiler d'avantage, cela gâcherai évidement toute surprise pour vous, éventuels spectateurs.

Un film haletant qui m'as tenu en éveille. Quelques rebondissements toujours bien placé qui ne gâche en tout cas rien à l'histoire. Juste peut-être quelques petits passages où l'histoire n'avance pas et noircie un peu le tableau, mais sans toutefois, être trop dérangeant. Je pense donc que ce film mérite un 7/10.

Adieu Pony - Constance Verluca - 2007


Constance Verluca - C'Est Faux par Warner-Music


Avis de Vané Fillubie


Voila enfin une jolie petite chanteuse au cynisme aussi ravageur que la silhouette. Depuis son air innocent et une mélodie printanière, elle déverse des salves de paroles assassines. Au delà de la mièvrerie habituelle de la chanson française, elle parvient à faire de son désespoir blasés une lucidité enchanteresse. Et ceci, bien avant que Stromae ne fasse de la dépression existentiel, le tube de l'été et la dernière hygiène de vie à la mode. Constance est parvenu à transformer la méchanceté en une douce chose.


Le tout est accompagné d'accords de guitare tranquilles et aériens, permettant aux paroles les plus acerbes d'avoir la légèreté et l'innocence de la joie. Ainsi les sujets les plus morbides qui soient, la drogue, la jalousie, l'argent, la mort, le désespoir, la haine sont traités de la manière le plus impertinente possible, sans lourdeurs ni pompes évacuant ainsi en partie nos angoisses profondes quelques temps.


Sa voix qui est charmante, audible et avec du caractère, contrairement à certaines autres trop nombreuses chanteuses, n'enlève rien à sont grand talent d'écriture. Tout comme les mélodies qui ont tendance à s'incruster dans la mémoire et à nous poursuivre tout au long de la journée. A se demander comment Constance parvient à rester aussi méconnu, à échapper au succès qu'elle mérite. Pour une fois qu'une chanteuse arrive avec des chansons si fortement originales et réussies. 8/10


Et en bonus track, une petite chanson à faire écouter à toutes vos grand-mères, et grand-pères




dimanche 12 juin 2011

Agora - Alejandro Aménabar - 2010



Avis de Vané Fillubie

Quelques fondamentalistes religieux tentent de faire entendre la voix des miséreux. De promouvoir, la justice, l'égalité et leur Dieu unique et tout puissant. Un système impérial hautement civilisé répriment ces terroristes férocement, les renvoyant à leur conditions d'esclaves, de citoyen de seconde zone.

Mais un jour, les fanatiques, les intégristes, les pauvres désespérés et autres hystériques religieux finissent par devenir si nombreux qu'ils s'emparent des monuments de la ville, créant un immense squat.

Car ce film dévoile un des événements les plus cruciaux et les plus secrets de notre histoire. Comment, alors que l'empire romain contrôle culturellement et militairement l'ensemble de la méditerranée, une petite secte hérétique de juifs va renverser toutes les croyances et philosophies de l'époque pour imposer spirituellement sa vision du monde. Il parle enfin, sans manichéisme, de ce moment charnière ou l'antiquité s'arrêta. Et pas seulement, car nous voyons que cet événement porte déjà en germe le désir de toute les révolutions et les déceptions induites. Car ce film parle de 1789, d'octobre 1917, de l'incendie du reichstag, du 11 septembre, des révolutions facebooks etc... Il est aussi une réflexion sur nos lubies modernes, qui finalement découle pour beaucoup de cet événement originel.

La reproduction historique est forte bien réussi, étant donné la difficulté de recréer un monde pré-chrétien, alors que nous sommes totalement imprégnés par le christianisme. Le stoïcisme moral, l'épicurisme jovial, le goût immodéré pour la raison, ainsi que l'absence de pitié envers la plèbe redonne une cohérence à ce monde oublié. Avec de magnifiques scènes, ou nous voyons tout le pouvoir du collier de l'esclave sur son corps, objet qui le dépossède de lui-même et finit presque par le convaincre de la sur-humanité des maitres. Et les chrétiens, qui passent d'une attitude punk et anarchiste à la noblesse institutionnelle sont montrés dans toute la puissance de leur révolte. Cette fresque, passionnante comme une production hollywoodienne, mériterait amplement de figurer dans les cours d'école tant elle reproduit avec intensité et fidélité un moment historique généralement omis.

Et surtout, ce film permet de mieux comprendre le fondement de nos civilisations, de mieux saisir le mouvement fatal qui d'un coup transforme une société de fond en comble. Si on rajoute encore le talent et l'impertinence de l'actrice principale, ainsi que le goût du spectaculaire des fondamentalistes chrétiens, nous arrivons à un résultat qui en plus de faire un très bon film, fait un film très intelligent. 8/10