Avis de Vané Fillubie
Ce roman parle d’une rockstar après l’orgie, lors de la descente. Quand après avoir perdue l’envie de tout détruire, elle part en desintox, s’achète une villa sur une côte à faible taux d’imposition et se range en fondant une petite famille. Heureusement, pour Beigbeder, cela ne dure que 48 heures, le temps d’une garde à vue. Mais cela lui suffit pour se faire envahir par son surmoi, perdre son écriture éclatée en rail de mots et en revenir à l’occupation bourgeoise par excellence, écrire sur son enfance dans un style classique.
Car dans ce bouquin, nous n’avons plus affaire au mauvais garçon de la littérature française, mais au bon élève qui cherche à s’approcher du style de ses humbles prédécesseurs. Comme si Beigbeder, tiraillé par une vieille culpabilité chrétienne d’avoir écrit 99 francs devait se faire pardonner avec un vrai roman français. Malheureusement si il est doué pour la désinvolture du riche publicitaire révolté, il l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’imiter Proust. Son nez trop blanchi de neige ne doit pas lui permettre de ressentir pleinement les madeleines de son enfance.
Ainsi défile une suite de tableau convenu, Beigbeder va à la pêche avec son père, Beigbeder tombe amoureux de la petite voisine, Beigbeder est jaloux de son grand frère, dans un ennuyeux décor bourgeois et chrétien. Nous comprenons peu à peu, que pour devenir l’auteur désabusé et rock’n’roll qu’il est, il a du s’extraire de ses origines totalement opposés. Et il lui suffit de se faire emmener dans une cellule pour que ses origines ressurgissent et détruisent tout ce qui fait la violence de son attitude et de son style. Révélant ainsi le combat intérieur qui s’agite en chaque homme entre le prêtre et la rockstar.
Hélas, comme ici c’est le prêtre qui a le dessus tout le long du roman, toute la saveur que l’on aurait bien aimé retrouver dans ce livre s’est évaporée. Y apparaît même à certain moment des relents de moralisateur ! Et donc on ne peut que supplier les policiers : « s’il-vous plait, laissez Beigbeder se coker en liberté, cela fera du bien à la littérature et à la France. »
Car comme Sagan le dit si bien dans ce livre : « On se drogue parce que la vie est assommante, que les gens sont fatigants, qu’il n’y a plus tellement d’idées majeures à défendre, qu’on manque d’entrain. » Et lorsque l’auteur cesse de prendre ses dopants stylistique, il finit lui aussi par être assommant, fatigant et à manquer d’entrain. Espérons que Beigbeder pourra retrouver la verve de Beigbeder, pour un prochain ouvrage meilleur que celui-ci. 4/10
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