MUSIQUE POST BOURGEOISE - POLITIQUEMENT - par musiquepostbourgeoise
Avis de Vané Fillubie
Que reste-il de la musique si l’on y enlève tout le faste et le baroque qui l’accompagne dans nos sociétés de consommations ? Qu’est-ce qui fait l’essence minimale d’une bonne chanson ? Voici la réponse de la post-bourgeoisie. Une mélodie de trois notes pour faire un rythme, des paroles scandés au mégaphone et Karl Marx qui s’élance sur le dance-floor. De plus, au lieu de fixer un concert afin de donner rendez-vous à son public, ils préfèrent débarquer sans prévenir n’importe où afin d’amener directement la musique au public plutôt que d’attendre le contraire. Ainsi vous pourrez peut-être les voir se produire bientôt chez vous ou à la décharge municipale. Les deux endroits n’ont d’ailleurs que peu de différence en soi finalement. Les ordures ne sont que autrement agencés.
Tout cela semble bien bizarre et incongru, mais acquiert étrangement un accord poétique décalé. Les paroles claquent comme des slogans de propagande malgré l’ineptie totale des propos. Et la mélodie bien que simpliste finit par nous emporter dans une transe mystique et pixelisée. Cette musique qui semble être sorti tout droit d’un cerveau psychotique paranoïaque assailli de bug nous laisse la drôle d’impression que si nous avons pu l’écouté jusqu’au bout avec un certain plaisir, l’asile devrait surgir aussitôt pour venir nous chercher. Dernier rappel avant la mort du sens et de l’art, voilà l’arrière-fond sonore de notre société endormi par l’avalanche de pop assourdissante. Car si un jour, nous cessions de contempler le spectacle perpétuel et la mythologie informative bombardée par les médias pour contempler à nouveau les restes de monde réel abandonné au bord de l’autoroute du progrès, nous verrions sûrement quelque chose d’approchant. Un vague air cinglé et dérangeant qui lutte d’un automatisme froid pour une survie désespérée. Et la joie cynique, à la fois explosive et retenu d’un Karl Marx sachant qu’il avait raison, dansant la victoire, mais qui sait aussi que cela est futile. Car rien ne peut plus aujourd’hui séparer l’homme de son ombre, de son illusion marchande. 7/10
Et pour ceux qui en veule encore un peu, une reprise du clip hyperviolent de justice. Les paroles sont fort désopilantes, du bel humour absurde.
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