dimanche 11 décembre 2011

Tintin, Le secret de la Licorne - Steven Spielberg - 2011

 Avis de Leubou


Voilà quelques années que le grand Spielberg était titillé par adapter les aventure du petit reporter belge de Hergé sur grand écran. C'est chose faite avec ce qui est l'un des grands titres de cette fin d'annee. De salles combles en salles combles, le film à su ravir des grands fans de la BD aux plus jeunes ne connaissant rien de l'univers Tintesque.

Un grand défi, oui. Car adapter l'ouvrage qui fut traduit dans le plus de langue au monde après la bible, c'est n'est pas chose aisée.


Le défi a à mon avis été réussi pour Spielberg, aidé, notons le tout de même, par Peter Jackson a la production.

Le duo a su trouver le ton, le style pour retranscrire de la BD. Il est vrai que nous avons déjà vu les talent de Jackson pour les adaptation. Le Seigneur des Anneaux bien sur, mais également King Kong quelques années plus tard.

Ici, le style "image de synthèse" s'approche du photorealisme, mais en gardant ce côté anim qui fait du bien dans certaines scènes et pour quelques personnages, donc chapeau aux équipes techniques. Certains auraient vu un film, mais je pense que le choix de l'animation est très judicieux. Les scènes d'action sont très exagérées, mais dans le bon sens du terme. On retrouve l'ambiance tête-brûlée de Tintin dans la BD. 
Un bémol sur Hadock. Le personnage m'a moins touché. Combien de temps ai-je attendu ses séries interminables d'insultes... Pas bien pour le jeune public, ai-je entendu... Il faudrait donc aussi retirer tout l'alcool ingurgité par le capitaine... Et ce n'est pas le but. Alors n'enlevons rien dans ce cas. Faites-le jurer à tout va! :)


Au final, un film très plaisant pour un adepte de la BD comme moi. Je lui mettrais un bon 7/10.
Et par pitié, rendez le dictionnaire de grossièreté à Hadock la prochaine fois!

jeudi 1 décembre 2011

Larry Flynt - Milos Foreman - 1997

Avis de Leubou


Voici l'histoire de, comme vous l'aurez deviné, Larry Flint, créateur et rédacteur en chef du magazine Hustler, un mag porno américain célèbre. Le lancement de ce journal soulève la polémique des limites de la liberté d'expression dans l'état, et Larry va très vite se mettre la justice à dos en refusant catégoriquement de retirer son journal de la grande vente, et en refusant également de retirer des dessins et articles parodiés sur de grandes figures publiques. Pour gagner, il va devoir invoquer le premier amendement de la constitution américaine sur la liberté des idées.

Ce film a déclenché une grande polémique dans les milieux religieux et politiques au moment de sa sortie. En effet, il est vrai qu'il montre le côté coincé des religieux protestants américain et l'influence de ces derniers sur la cour américaine.


Les acteurs, notamment les trois principaux, Larry Flynt, son épouse et l'avocat, en la personne d'Edward Norton, sont on ne peut plus excellent. La folie qui ressort de Larry Flynt tout au long du film est justifiée à la fin, par le discours justement placé de l'avocat. Ce discours et ses conséquence montre également le pouvoir des mots contre les coutumes et contre les préavis. Les mots et les actes de ce film sont forts, tout est justement dosé. Les coupures nettes pour avancer dans l'histoire pourraient nous perdre, mais elles nous gardent attentif à l'histoire. Le film tire un brin en long vers la fin avant le dernier procès, mais l'attente du verdict nous garde sur notre canapé.

Personnellement, j'ai vraiment apprécié ce film qui n'a pas peur des mots ni des images et dont l'acteur principal, plein de volonté de liberté, m'a passionné. Je ne peux que vous le conseiller. Je donnerai un 8/10.

mardi 29 novembre 2011

Twilight, Fascination - Catherine Hardwicke – 2008




Avis de Vané Fillubie

L’histoire est connue. Une jeune américaine triste, esseulée, livide, sans confiance en elle, se retrouve perdue dans le fin fond de l’Amérique, dans un village oublié du monde. Là, elle tombe sur le mystérieux Edward, beau comme un prince, mais tout aussi blanc et dépressif qu’elle. Mais elle ignore qu’Edward cache un terrible secret, car quand la nuit tombe…

Voilà un remake de Roméo et Juliette à la sauce gothique praline. Avec dans le rôle de Roméo, un juvénile adolescent, à l’allure d’un vieil aristocrate Viennois. Tout en clichés, en scènes convenues, tout droit issus des délires imaginaires de midinettes naïves, le film n’innove que dans l’exagération totale des clichés. Ou comment faire croire aux jeunes filles non populaires, exclues du groupe des pom-poms girls, isolées par la pression sociale qu’un vampire charmant, tendre, affectueux et compréhensif les attend patiemment, pensant à elle.

Twilight, sous ses allures innocentes, sous-tend un moralisme mormon. Malgré toute sa gentillesse, Edward, peine à retenir ses instincts meurtriers. Au simple toucher sensuel de sa belle Bella, il risque de se transformer en bête furieuse. Leur amour ne peut donc se situer que sur le plan platonique, dans une relation pure d’amour idéelle. Tout les actes sont sublimés intensément par Bella, qui dans ses souffrances, semble jouir de tout son corps exprimé. Autant dans les faits, ils essaient de s’éloigner de toute tentation sexuelle, autant le désir violent qui traverse tout le long du film ne semble parler que de ça.

En voyant toute la niaiserie fantasque, nous aurions presque envie que les vampires finissent par gagner. Et quand je dis vampire, je parle des vrais vampires, non « végétariens », les assassins sans scrupules aux dents aiguisés et tranchantes. Car de voir le navrant Edward, toujours obligé d’être dans la retenue, de résister à ses pulsions, de contenir son désir, cela nous frustrerait presque à force. Donnant envie d’un peu d’agressivité, d’une violence purificatrice, pour évacuer l’inhibition malsaine.

Vous l’aurez compris, ce film est dangereux, surtout pour les jeunes filles. Il les pousse à rester dans une illusion irréelle, d’un amour désexualisé, purement théorique. Et les éloigne passablement du contact avec une vision, certes un peu moins idéalisée, mais bien plus diverse, intense et profonde des relations humaines. Car l’idéalisme ne fait que miroiter d’élégantes bulles de savon qui éclatent dès que l’on essaie de les attraper.

Bien que je n’allais pas vraiment le voir avec un préavis positif, il aura encore eu le talent de me surprendre en mal. Et je sais qu’il ne faut pas tirer sur les ambulances, mais quelquefois, comme dirait certainement Edward en privé, tirer un bon coup ça fait du bien. 2/10


jeudi 3 novembre 2011

La Guerre des Gaules – Julius Caesar – 52 Avant J.-C.















Avis de Vané Fillubie

Le style est souvent confondu avec l’emphase, la préciosité, des phrases allongés et complexes qui n’en finissent jamais dans les détours artificiels d’élégants détails raffinés, perçu par les volitions subtiles et évanescentes des traits de caractères aiguisés des personnages gentilshommes emplis d’idéaux pures et de verbiages éloignés de toutes tentations de vulgarités plébéiennes. César, lui est plus direct. Il décrit simplement les choses telles qu’elles sont. Vite et efficace comme le général qu’il est, il évite les pourparlers trop longuets et va droit au but. Il a le style militaire.

Il fut un temps ou Rome était une grande et glorieuse république coloniale, étendant sa puissance tout autour du bassin méditerranéen. La république était riche et prospère et les romains auraient pu se contenter de leurs vastes territoires, mais personne n’arrête pas le désir de conquête de César. Les gaulois eux sont des multiples peuplades divisés. Certains comptent sur l’allié romain pour se protéger, d’autres sont près à préserver leur liberté coûte que coûte. César montre dans ce livre tout son génie de l’art militaire, usant de stratagèmes complexes pour parvenir à vaincre sans trop avoir à combattre.

Et à force que la guerre progresse, les gaulois voyant le péril latin ou César veut les entrainer se liguent, résistent et se fédèrent sous le commandement de Vercingétorix. Les camps se précisent doucement, la tension augmente. Le style très descriptif se charge de suspense. Et le langage devient la parole de l’histoire. A chaque mot, à chaque déplacement de troupes, le destin se dessine peu à peu. Et malgré que nous connaissions tous le fin mot de l’histoire, César parvient à nous faire douter. Il nous montre qu’entre lui et le Vercingétorix rien n’est jamais joué.

Nous avons ici plus qu’un simple compte rendu, la clarté du récit réussi à nous faire revivre l’action, nous plongeant au cœur des décisions décisives, dans les entrailles des stratégies guerrières. Plus qu’un récit historique ce livre est aussi un roman d’action. Plus qu’un roman d’action c’est aussi un récit historique. La propagande au sommet de son art ! Et en plus d’un talent de général, car il faut rendre à César ce qui est à César, il possède aussi une plume efficace et convaincante. 9/10


lundi 19 septembre 2011

Le Rouge et le Noir - Stendhal - 1830


Avis de Vané Fillubie

Julien Sorel est un enfant des classes modestes, un fils de charpentier jurassien ; il est quelqu’un de peu, comme vous et moi. Mais il rêve de gloire, il se veut Napoléon, il veut conquérir Paris. Malheureusement, l’époque n’est plus aux grandes croisades révolutionnaires, nous sommes en pleine régénérescence ultramontaine, au retour des ducs et des archevêques, d’une société cloisonnée et rigide où l’ascension sociale est verrouillée. Julien Sorel est prêt à tout pour y arriver à son but, il devra donc devenir prêtre et feindre le moralisme, s’abandonner aux dames et feindre la passion, user de tout les calculs fourbes pour parvenir à ses fins.

Ce roman fait charnière ; son style très classique, aux longues phrases enluminées et alambiqués qui se tortillent allégrement autour de leur signification, s’oppose au fond très moderne, cynique, froid, calculateur, chacun cherchant à conserver mesquinement ses petits privilèges. Stendhal révélant fort bien, l’intérêt égoïste qui se cache derrière les actes d’apparence romantique des personnages. Cela reflète cette vaine régénérescence, où l’on veut remettre le roi, dieu et la morale au centre de la société, alors que plus personne n’y croit guère sincèrement. Nous obtenons donc une histoire à double entrée, avec un présent qui ne serait plus que la réunion du passé et du futur.

Mais la grandeur du bouquin se révèle sur la psychologie fine distillée, où il parvient à décrypter la pensée de chaque protagoniste sur un même acte différemment perçu. En ceci, il nous montre tout l’éloignement d’esprit, et l’incompréhension entre certains couples de héros qui se croient pourtant intimes et proches. De plus, certains sont tellement englués dans l’hypocrisie, qu’ils finissent par se persuader eux-mêmes de la bonté présumée de leurs actes. C’est donc une riche description des multiples tunnels de conscience dans lesquels s’engouffrent les personnages que nous offrent l’auteur. Et ce qui semble parfois être des communications profondes, ne sont que des effleurements des parois dédits tunnels, ou vice-versa.

Hélas, tout à ses défauts, et il ne serait guère honnête de les dissimuler sous prétexte de préserver l’honneur d’un classique, surtout les plus illustres. L’histoire semble parfois bégayer, répétant certaines intrigues quasi identiquement, sans faire avancer réellement le synopsis. Ainsi que certains moments forts du récit, trop à brûle-pourpoint, paraissent totalement capillo-tractés, invraisemblables et aux causes incertaines. Ils tombent du ciel à point nommé pour sortir l’auteur de l’impasse. A force d’avoir romancé autour de son fait divers, Stendhal nous montre que ledit fait divers dissone passablement avec le cours de son roman. Mais, au fond, la vraisemblance a-t-elle vraiment autant d’importance que l’on pourrait le croire dans l’art de fictionner ? 8/10


PS : l’image provient de l’excellente propagande sociale du site

http://editionsterrenoire.blogspot.com/2008/12/propagande-sociale-7.html

Encore une preuve que si les jolies filles en maillot de bain de l’UDC ne sont bonne qu’à buzzer, par contre, celles de ses socialistes-ci poussent aussi à un certain malaise et une réflexion sur les valeurs de promotion des sociétés, depuis Sorel à aujourd’hui.


mercredi 7 septembre 2011

Petits suicides entre amis - Arto Paasilinna – 1990


Avis de Vané Fillubie

La Finlande n’est pas un vrai pays, c’est un morceau de paradis. Contrée du père noël et de l’état providence, elle est composée de gentils quartiers proprets riches et bien rangés et dirigée par des commissions citoyennes d’une probité sans faille. Enfin parait-il, car sous le vernis, la Finlande possède aussi ses clochards, ses drogués, ses terroristes fondamentalistes, ses alcooliques et ses suicidaires. Et pour ceux qui se retrouvent hors de la société, le sentiment d’exclusion et la dépression est d’autant plus grande que la société se veut parfaite. La Finlande est un paradis infernal.

Onni Rellonen, homme d’affaire finlandais s’en va se suicider. Ayant pesé calmement le pour et le contre, il cherche une grange isolée pour se tirer tranquillement une balle dans la tête, mais lorsqu’il trouve l’endroit idéal, une surprise l’attend. Le Colonel Kemppainen qui cherchait lui aussi à attenter à ses jours discrètement est déjà en train de se pendouiller à une corde accrochée à la charpente de la grange. Nos deux compères renoncent provisoirement à leur acte fatal et décide de s’associer pour créer une confrérie finlandaise des suicidaires, souhaitant organiser un immense suicide collectif afin de finir en beauté. L’histoire suit donc le voyage excentrique de tristes lurons dépressif à travers l’Europe, à la recherche du plus abrupte des précipices pour se foutre le tour en chœur.

Malheureusement, bien que le synopsis soit très attrayant, le style est assez plat, convenu et répétitif. Les rares tournures originales et bien senties sont répétés et usités jusqu’à l’usure totale, jusqu’à ce qu’elles perdent tout intérêt. Et les réflexions du narrateur sont empreintes d’un moralisme assez ennuyeux. Pour des suicidaires, ils restent très conventionnels et coincés, comme des finlandais ordinaires. Les multiples personnages n’ont d’ailleurs que peu de personnalité et de caractère, leur comportement grégaire semble plus résulter d’une paresse de l’écrivain que d’une véritable fouille psychologique. De plus, l’histoire est passablement rallongée artificiellement et n’évolue que très peu. Même l’humour noir du livre reste, malgré la force corrosive du sujet, très doux et gentil. J’ignore si l’auteur est surtout trop finlandais ou trop déprimé, mais cette œuvre est d’une fadeur des plus ennuyantes. 4/10