mardi 29 novembre 2011

Twilight, Fascination - Catherine Hardwicke – 2008




Avis de Vané Fillubie

L’histoire est connue. Une jeune américaine triste, esseulée, livide, sans confiance en elle, se retrouve perdue dans le fin fond de l’Amérique, dans un village oublié du monde. Là, elle tombe sur le mystérieux Edward, beau comme un prince, mais tout aussi blanc et dépressif qu’elle. Mais elle ignore qu’Edward cache un terrible secret, car quand la nuit tombe…

Voilà un remake de Roméo et Juliette à la sauce gothique praline. Avec dans le rôle de Roméo, un juvénile adolescent, à l’allure d’un vieil aristocrate Viennois. Tout en clichés, en scènes convenues, tout droit issus des délires imaginaires de midinettes naïves, le film n’innove que dans l’exagération totale des clichés. Ou comment faire croire aux jeunes filles non populaires, exclues du groupe des pom-poms girls, isolées par la pression sociale qu’un vampire charmant, tendre, affectueux et compréhensif les attend patiemment, pensant à elle.

Twilight, sous ses allures innocentes, sous-tend un moralisme mormon. Malgré toute sa gentillesse, Edward, peine à retenir ses instincts meurtriers. Au simple toucher sensuel de sa belle Bella, il risque de se transformer en bête furieuse. Leur amour ne peut donc se situer que sur le plan platonique, dans une relation pure d’amour idéelle. Tout les actes sont sublimés intensément par Bella, qui dans ses souffrances, semble jouir de tout son corps exprimé. Autant dans les faits, ils essaient de s’éloigner de toute tentation sexuelle, autant le désir violent qui traverse tout le long du film ne semble parler que de ça.

En voyant toute la niaiserie fantasque, nous aurions presque envie que les vampires finissent par gagner. Et quand je dis vampire, je parle des vrais vampires, non « végétariens », les assassins sans scrupules aux dents aiguisés et tranchantes. Car de voir le navrant Edward, toujours obligé d’être dans la retenue, de résister à ses pulsions, de contenir son désir, cela nous frustrerait presque à force. Donnant envie d’un peu d’agressivité, d’une violence purificatrice, pour évacuer l’inhibition malsaine.

Vous l’aurez compris, ce film est dangereux, surtout pour les jeunes filles. Il les pousse à rester dans une illusion irréelle, d’un amour désexualisé, purement théorique. Et les éloigne passablement du contact avec une vision, certes un peu moins idéalisée, mais bien plus diverse, intense et profonde des relations humaines. Car l’idéalisme ne fait que miroiter d’élégantes bulles de savon qui éclatent dès que l’on essaie de les attraper.

Bien que je n’allais pas vraiment le voir avec un préavis positif, il aura encore eu le talent de me surprendre en mal. Et je sais qu’il ne faut pas tirer sur les ambulances, mais quelquefois, comme dirait certainement Edward en privé, tirer un bon coup ça fait du bien. 2/10


jeudi 3 novembre 2011

La Guerre des Gaules – Julius Caesar – 52 Avant J.-C.















Avis de Vané Fillubie

Le style est souvent confondu avec l’emphase, la préciosité, des phrases allongés et complexes qui n’en finissent jamais dans les détours artificiels d’élégants détails raffinés, perçu par les volitions subtiles et évanescentes des traits de caractères aiguisés des personnages gentilshommes emplis d’idéaux pures et de verbiages éloignés de toutes tentations de vulgarités plébéiennes. César, lui est plus direct. Il décrit simplement les choses telles qu’elles sont. Vite et efficace comme le général qu’il est, il évite les pourparlers trop longuets et va droit au but. Il a le style militaire.

Il fut un temps ou Rome était une grande et glorieuse république coloniale, étendant sa puissance tout autour du bassin méditerranéen. La république était riche et prospère et les romains auraient pu se contenter de leurs vastes territoires, mais personne n’arrête pas le désir de conquête de César. Les gaulois eux sont des multiples peuplades divisés. Certains comptent sur l’allié romain pour se protéger, d’autres sont près à préserver leur liberté coûte que coûte. César montre dans ce livre tout son génie de l’art militaire, usant de stratagèmes complexes pour parvenir à vaincre sans trop avoir à combattre.

Et à force que la guerre progresse, les gaulois voyant le péril latin ou César veut les entrainer se liguent, résistent et se fédèrent sous le commandement de Vercingétorix. Les camps se précisent doucement, la tension augmente. Le style très descriptif se charge de suspense. Et le langage devient la parole de l’histoire. A chaque mot, à chaque déplacement de troupes, le destin se dessine peu à peu. Et malgré que nous connaissions tous le fin mot de l’histoire, César parvient à nous faire douter. Il nous montre qu’entre lui et le Vercingétorix rien n’est jamais joué.

Nous avons ici plus qu’un simple compte rendu, la clarté du récit réussi à nous faire revivre l’action, nous plongeant au cœur des décisions décisives, dans les entrailles des stratégies guerrières. Plus qu’un récit historique ce livre est aussi un roman d’action. Plus qu’un roman d’action c’est aussi un récit historique. La propagande au sommet de son art ! Et en plus d’un talent de général, car il faut rendre à César ce qui est à César, il possède aussi une plume efficace et convaincante. 9/10